L’Oceanium est une association de protection de l’environnement, de droit sénégalais, reconnue d’utilité publique, créée en 1984. Ayant pour objectifs à sa création, de préserver les écosystèmes marins et favoriser la gestion durable de l’environnement marin, ses actions aujourd’hui portent sur la protection de l’environnement et le développement durable par le soutien des populations locales, impactées par la détérioration des écosystèmes marins et terrestres. Ces actions sont menées par une équipe de professionnels, de volontaires et de bénévoles, conduite par Youssef El Ali, au Sénégal et dans les pays limitrophes.   

DE LA CREATION D’AIRES MARINES PROTEGEES A L’EDUCATION A L’ENVIRONNEMENT

Grâce à l’implication et à la dynamique des populations, l’organisation a mis en place une véritable ingénierie sociale, clef du succès de ses actions sur le terrain. C’est ainsi que des communautés de pêcheurs artisans, accompagnés par l’Oceanium de Dakar, ont mis en place la première Aire Marine Protégée communautaire (AMPc) fonctionnelle d’Afrique de l’Ouest. Il s’agit de l’AMPc du Bamboung créée en 2003 avec le soutien unanime des chefs de village, sur une surface de 7 000 hectares dans le delta du Saloum. Les villageois sont propriétaires du gîte écotouristique de Keur Bamboung, conçu totalement par l’Oceanium, dont les bénéfices couvrent les frais de fonctionnement de l’AMPc et permettent de soutenir des initiatives locales de développement.

Afin de changer les mentalités et de former les futures générations, L’Oceanium de Dakar a mis en place de nombreux programmes d’éducation populaire. Ainsi, des séances de cinéma-débat et d’éducation à l’environnement sont organisées dans les villages et les écoles grâce aux camions itinérants qui sillonnent tout le pays. En 2010, l’Oceanium a réalisé plus de 320 projections devant plus de 80 000 spectateurs. Notons que les supports diffusés en cinéma de plein air sont des films réalisés au Sénégal par l’association sur des problèmes environnementaux tels la déforestation, la perte de ressources halieutiques, la gestion durable, etc…

DES REBOISEMENTS DE GRANDE AMPLEUR AUX MECANISMES DE DEVELOPPEMENT PROPRE

Pour lutter contre la déforestation, l’association mène des reboisements de grande ampleur (palétuviers, rôniers, etc.) avec les populations et participe aussi à la création de pépinières et de parcs agro-forestiers. A titre d’exemple, plus de 100 millions de palétuviers ont été plantés sur 13 000 ha, entre 2009 et 2018. Ces reboisements de la mangrove sont vecteurs d’une participation exceptionnelle de la population. Comme exemple pour l’année 2010, du mois d’août à début novembre, Oceanium a mobilisé près de 110 000 personnes pour planter plus de 62 millions d’arbres dans les deltas du Sine, du Saloum, de Saint-Louis et de la Casamance. C’est à ce jour le plus grand reboisement de la planète en termes de temps (111 jours), de mobilisation sociale (408 villages) et de superficie (5 500 hectares.

En 2019, Oceanium lance l’opération « 100 millions de graine pour la terre », projet pilote qui consiste à remplacer le rôle des animaux pour planter des graines dans des sites correspondant à des conditions écologiques spécifiées après préparation des graines.

Une partie des programmes de restauration de mangrove étant financée dans le cadre des Mécanismes de Développement Propre, enregistré au standard MDP et VCS, l’Oceanium assure le monitoring biologique de ses plantations. En 2018, les reboisements 2009-2012 avaient déjà permis de séquestrer 280 000 tonnes de CO2. Pour le suivi des plantation, Oceanium a mis au point en 2018 une méthodologie innovante utilisant la technologie SIG et drone en appui des visites terrain. Oceanium Dakar possède une expertise unique en Afrique de l’Ouest dans le montage et de suivi de projet MDP.[3]

DES SCIENTIFIQUES AUX MEDIAS : DES PARTENAIRES DE L’OCEANIUM

Le travail de l’Oceanium consiste à impliquer les scientifiques, les médias et les pouvoirs publics dans ses combats pour la pérennité des ressources naturelles d’Afrique de l’ouest. De 2003 à 2005, par exemple, l’IRD a noté la réapparition de 23 espèces de poissons dans le bolong de Bamboung, lieu de l’AMPC, qui avaient disparu à cause de la surpêche. D’autres instituts de recherche mais aussi des écoles d’ingénieurs travaillent avec l’association pour des missions de méthodologie, suivi écologique, stages, thèses, etc.

Son action et sa visibilité s’étendent aussi auprès des médias sénégalais et internationaux. Pour chaque projet, l’Oceanium organise de nombreuses émissions de radio, média de masse au Sénégal, où elle fait intervenir les acteurs locaux engagés à ses côtés. Les documentaires de sensibilisation sont diffusés aussi largement à la télévision, à l’image du film « A l’ombre du rônier », qui traite du trafic forestier. Les actions de l’Oceanium sont relayées sur le plan international.

En 2018, en partenariat avec la Tour du Valat (centre de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes fondé par Luc Hoffmann en 1954) Oceanium réalise une évaluation des impacts sociaux économiques et humains de la restauration de mangrove en Casamance entre 2009 et 2018 auprès de 680 ménages en Casamance.

Enfin toujours en 2018, un partenariat avec le Zoo de Beauval, Oceanium réalise un inventaire de la biodiversité dans le fleuve Casamance grâce à la technique ADN environnemental.

UNE LOGISTIQUE, DES RESEAUX, UNE ORGANISATION

Depuis ses bases de Ziguinchor et de Dakar, l’association est en capacité d’intervenir dans les plus brefs délais aux quatre coins du pays grâce à une excellente connaissance du contexte géographique et sociaux culturel, et grâce à un réseau de bénévoles construit depuis plus de 30 ans qui constitue le maillage de l’ingénierie sociale qui fait la force de l’Oceanium.

Les nombreuses actions menées par Oceanium depuis sa création, ont permis également à l’Oceanium de tissé des liens étroits avec les organisations internationales, la société civile, les autorités de l’état et les collectivités locales qui reconnaissent la légitimité et la pertinence du travail de l’association.

La structure de l’association permet un lien rapide et efficace entre son équipe dirigeante et les populations de base, en effet les coordinateurs de zone possèdent des relais dans chacun des villages que couvre sa zone. Cette ingénierie sociale qui aura permis de mettre en œuvre des actions de grandes ampleurs utilise les structures sociales déjà établies au sein des communautés comme les groupements féminins, les associations sportives et culturelles ou encore les groupements professionnels. Cette organisation facilite la réalisation d’activités à haute intensité de main d’œuvre.    

DES TECHNIQUES INNOVANTES POUR PRESERVER LES RESSOURCES NATURELLES

Au Sénégal, le bois et le charbon de bois constitue 84% de la consommation énergétique des ménages. Les foyers améliorés sont une technique innovante proposée par l’Oceanium afin de réduire la pression anthropique sur les ressources naturelles Sénégalaises. Elle consiste en la fabrication d’un four de cuisine avec des matériaux durables et disponibles à l’échelle locale (argile, sable, paille). En Casamance, l’Oceanium accompagne et forme les groupements féminins à la conception, à l’utilisation et à l’entretien des foyers améliorés. Ces femmes deviennent des formatrices à leur tour, pour faciliter la diffusion et l’appropriation de la technique par les communautés locales. En diminuant la consommation de bois, les foyers améliorés contribuent à la baisse des dépenses énergétiques.